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Récolte manuelle

Définition

La récolte manuelle est très largement dominante dans les conditions de Madagascar, dans le cadre d'une petite agriculture familiale, avec des petites parcelles et des moyens d'investissement très limités.

Elle a les avantages de ne pas demander d'investissement et de permettre la récolte de tout type d'association de cultures (en prenant garde à ne pas endommager les éventuelles jeunes plantes dans le cas des cultures en relais).

Elle demande cependant un travail très important, ce qui peut poser problème pour récolter l'ensemble des cultures à un stade optimal de maturité si toutes les cultures arrivent à maturité au même moment. La récolte manuelle de parcelles semées mécaniquement (et donc rapidement) est souvent problématique.

En cas de forte contrainte en main d'oeuvre à la récolte, il peut être intéressant de décaler les semis ou d'utiliser plusieurs variétés de cycles différents, pour permettre une récolte étalée sur une plus longue période de temps.

Les pratiques traditionnelles varient en fonction du type de plante et des habitudes. Elles doivent souvent être “aménagées” pour mieux s'intégrer dans des systèmes conduits en semis direct sur couverture végétale permanente, en particulier pour la restitution des pailles.

Grandes céréales (maïs, sorgho, mil)

Les grandes céréales sont de manière générale récoltées épi par épi, ce qui laisse sur pieds l'ensemble des plantes. Les cultures associées, en général à cycle plus long que ces céréales, ne sont pas endommagées par ce mode de récolte et peuvent grimper sur les cannes laissées en place, en particulier pour les légumineuses volubiles (dolique, Vigna umbellata, certains niébés). Le fait de maintenir les cannes en place ralentit aussi leur dégradation, alors que leur décomposition est plus rapide une fois couchées au sol. Le maintien des cannes sur pied est particulièrement important en cas de forte pression des termites qui les décomposent très rapidement dès qu'elles sont en contact avec le sol. Pour retarder cette décomposition, on peut, à la récolte, plier les cannes en deux ce qui retarde leur chute quand elles s'affaiblissent et évite qu'elles soient couchées par le vent.

Céréales à pailles courtes (riz, blé, avoine, etc.)

La récolte manuelle des céréales à paille courte peut se faire :

  • panicule par panicule ou épi par épi avec un petit couteau, ce qui est exigeant en temps mais permet une récolte “étagée” (d'un mélange de variétés par exemple) et surtout conserve en place la plus grande partie des pailles.

  • par fauche à la faucille (qui permet éventuellement de choisir les pieds à maturité) ou à la faux (plus rapide mais ne permettant pas une récolte “étagée”). Dans ces cas, une partie importante des pailles est sortie de la parcelle pour réaliser le battage qu'il soit manuel, par piétinement ou mécanisé. Un tel mode de battage “à poste fixe” concentre la biomasse sur une partie de la parcelle (ou à l'extérieur). En agriculture conventionnelle, cette paille est souvent brûlée, ou éventuellement exportée pour les animaux. En semis direct, elle doit être rapportée sur la parcelle de la manière la plus homogène possible, une épaisseur de paille trop importante étant gênante pour le semis (et la gestion de la fertilité), alors qu'à l'inverse une couverture insuffisante ne permet pas d'alimenter convenablement la litière et de contrôler les adventices. Pour limiter les transports de paille, la coupe en semis direct doit être faite aussi haut que possible, ce qui n'est pas toujours facile en conduite manuelle, peut ralentir la récolte et rendre le battage difficile.

Légumineuses à graines aériennes (soja, haricot, dolique, niébé, Vigna umbellata, etc.)

Comme pour les céréales à paille courte, la récolte manuelle des légumineuses à graines peut se faire :

  • gousse par gousse, ce qui maintient sur place les parties végétatives des plantes et permet une récolte “étagée” (ce qui augmente fortement la production dans le cas de plantes à floraison et fructification étalées comme le niébé), ou

  • par fauche à la faucille et battage (en général manuel), pratique plus rapide surtout pour les plantes à petites graines, mais qui demande pour le semis direct à ce que les fanes soient retransportées et étalées dans la parcelle (même si elles représentent une biomasse moins importante que les pailles de céréales).

Légumineuses à graines enterrées (arachide, pois de terre)

Récolte manuelle du pois de terre sur couverture de chiendent. Gousses en surface, sous le paillage ©Husson O.

La récolte des légumineuses à graines enterrées se fait par arrachage des plants. En semis direct, ces légumineuses positionnent leurs gousses en surface du sol, juste sous le paillage, ce qui fait que l'arrachage est facile, rapide et ne perturbe que faiblement le sol.

Comme pour les autres légumineuses, le battage se faisant “à poste fixe”, il est nécessaire pour le semis direct de rapporter les fanes sur la parcelle afin d'alimenter la litière.

Racines (manioc) et tubercules (pomme de terre, patate douce, etc.)

La récolte manuelle des racines et tubercules se fait par arrachage, ce qui implique une perturbation du sol. Cette perturbation est toutefois limitée pour les tubercules, du fait qu'en semis direct ils se développent en surface, sous le paillage. Elle est un peu plus importante dans le cas du manioc qui se développe dans le sol. Cependant, la bonne structure du sol entretenue par le semis direct et la production de racines tubérisées essentiellement dans l'horizon superficiel font que l'arrachage se fait facilement, sans perturber profondément le sol. Dans tous les cas, les parties aériennes (quand elles ne sont pas consommées) ne sont pas transportées et peuvent être laissées sur place lors de la récolte.

Pour les tubercules comme la pomme de terre, qui se conservent après la récolte mais ne se conservent pas dans le sol après maturité, la récolte se fait en une seule fois. A l'inverse, le manioc qui se conserve très mal (quelques jours seulement sans traitement post-récolte) peut être conservé en terre très longtemps. Sa récolte peut être étagée sur plusieurs mois et se fait au fur et à mesure des besoins.

Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.

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