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Le contrôle des jachères à plantes vivaces (non brûlées)

Définition

Les plantes spontanées remplissent souvent un grand nombre des fonctions écosystémiques remplies par leurs “cousines” sélectionnées et peuvent souvent être utilisées comme couvertures végétales. Elles ont l'avantage d'être déjà installées, mais ont parfois des inconvénients pour leur gestion.

Sous jachères pérennes, les sols sont souvent bien structurés de par l'action du système racinaire de ces plantes vivaces et de leur couverture du sol.

De plus, la biomasse disponible y est souvent importante (si elle n'a pas été brûlée). Le semis direct de cultures est possible dès la première année d'intervention, sans avoir besoin d'une année “zéro” de préparation. L'itinéraire technique à adopter dépend avant tout des espèces à maîtriser.

Dans de nombreux cas, le moyen le plus efficace de contrôler ces plantes vivaces est l'application d'herbicides totaux, à des doses relativement élevées.

ExempleContrôle sur jachère pérenne

Sur les hautes terres, les parcelles “envahies” de Cynodon dactylon bien développé permettent une forte production de haricot (ou de soja) après un simple traitement herbicide à faible dose (720 à 900 g/ha de glyphosate) qui permet de contrôler le chiendent sans le tuer. La couverture vive est ainsi maintenue et le système pérennisé. Dans le Sud- Ouest, les jachères à Hyparrhenia sp. ou Andropogon sp. bien développés permettent une forte production de coton en semis direct après traitement au glyphosate (1 800 à 2160g/ha, en pleine végétation).

Plusieurs cas de figure se présentent cependant :

Les dicotylédones vivaces et les graminées vivaces érigées (sur tanety essentiellement)

Les dicotylédones vivaces

Ces plantes peuvent être utilisées pour préparer une couverture morte uniquement. Elles peuvent être contrôlées mécaniquement sans demander un travail trop important lorsqu'elles sont peu nombreuses, ce qui est en général le cas des dicotylédones pérennes avec racine pivotante (Sida sp., Urena lobata, etc.) qui peuvent être tuées par un simple coup d'angady à la base. Les plantes annuelles qui peuvent cohabiter avec ces vivaces peuvent être contrôlées par simple fauche ou passage d'un rouleau à cornières, après décapage des vivaces.

Début d'effet du 2,4-D sur dicotylédone 24 heures après application dans le maïs ©Husson O.

Le 2,4-D amine à la dose de 1 080g/ha permet également de contrôler la plupart de ces dicotylédones vivaces (ainsi que les annuelles), à très faible coût et avec peu de travail. Pour les dicotylédones arbustives (comme Lantana camara très répandu à Madagascar, mais de la même manière pour Chromolaena odorata très fréquent en Afrique et en Asie), la meilleure solution consiste à les faucher, attendre leur reprise de végétation (environ 3 semaines, le temps que des tiges avec quelques feuilles larges se développent) puis d'appliquer du 2,4-D (1 080 à 1440g/ha).

les graminées vivaces érigées

Les graminées érigées (aristida sp, Hypparhenia sp., Andropogon sp., Cenchrus sp. ; Imperata cylindrica, Brachiaria sp., etc) peuvent également être contrôlées par décapage (sous le sol) des racines à l'angady. Toutefois, elles sont souvent fort nombreuses

et le travail exigé est très important. Dans un tel cas, le recours aux herbicides est fortement recommandé.

Ces plantes se contrôlent par application de glyphosate, à la dose de 1 800-2 160g/ha si les plants sont âgés. Il est possible de baisser cette dose en fauchant la végétation en place et en appliquant le glyphosate à 1 080g/ha sur les jeunes repousses de 2 à 3 semaines (ce qui a l'inconvénient de retarder le semis d'autant).

Une espèce comme Imperata cylindrica, difficile à contrôler car très rhizomateuse, est d'autant mieux maîtrisée qu'on laisse sur place sa biomasse et qu'on l'utilise pour semer une plante volubile, couvrant rapidement le sol (comme la mucuna ou les vignas).

Sur un mélange de dicotylédones et de graminées, l'association glyphosate (1 080g/ha environ) + 2,4-D (720 à 1 080g/ha) peut être proposée, la dose de chaque herbicide variant en fonction de l'abondance des plantes vivaces de chaque type.

Les graminées vivaces rampantes ou de petite taille

Les graminées de ce type (comme Cynodon dactylon, présent sur tanety et en rizières exondées dans toutes les zones écologiques, des petits brachiarias ou panicum, Pennisetum clandestinum ou encore Stenotaphrum secondatum en climat humide), sont extrêmement difficiles à contrôler sans utilisation d'herbicide. En effet, le labour (même en début de saison sèche) est souvent insuffisant pour les contrôler et, au contraire, peut parfois faciliter leur multiplication par fractionnement des rhizomes.

Ces graminées vivaces sont souvent dominantes et couvrent très bien le sol. Elles peuvent être utilisées comme couverture végétale après contrôle total (couverture morte), ou partiel (couverture vive).

Couverture morte à partir de graminées vivaces rampantes

Stenotaphrum secondatum après traitement herbicide (couverture morte) ©Husson O.

Pour préparer une couverture végétale morte, ces plantes sont tuées par application de glyphosate, à la dose de 1 800-2 160g/ha. L'idéal est de les contrôler en pleine végétation, en fin de saison des pluies du cycle précédent, ce qui accroît l'efficacité du contrôle (d'autant plus que la plante doit alors résister à la saison sèche) et permet un semis précoce. Si ces plantes vivaces n'ont pas été contrôlées à l'avance, il faut attendre la reprise de la végétation après les premières pluies (15 jours à 3 semaines environ) pour appliquer l'herbicide sur des plantes en phase végétative. Le semis peut être fait une fois l'efficacité de l'application de l'herbicide constatée. Outre un risque de moins bon contrôle des vivaces, cet itinéraire technique à l'inconvénient de retarder les semis. Pour y remédier en partie, il est éventuellement possible de semer directement, immédiatement après application de l'herbicide. On court alors le risque de reprise de la plante vivace localement si des parties ont été mal traitées ou oubliées.

Couverture maintenue vivante à partir de graminées vivaces rampantes

Niébé sur couverture vive de chiendent ©Husson O.

Ces plantes vivaces rampantes, qui protègent parfaitement le sol et maîtrisent la plupart des plantes adventices, peuvent être utilisées pour réaliser une couverture végétale maintenue vivante. Cela exige l'emploi d'herbicide pour les contrôler temporairement et permettre l'implantation et la croissance de la culture, sans les tuer afin qu'elles produisent une forte biomasse après la récolte de la culture. Le Cynodon dactylon se prête très bien à cette pratique, permettant la production durable de légumineuses en assurant une couverture permanente du sol. Le contrôle de ces plantes vivaces rampantes utilisées en couverture végétale vivante se fait par application d'herbicide à dose réduite : glyphosate (720 à 900 g/ha en fonction de sa vigueur et de son stade de développement), ou 1/2 à 2/3 des doses recommandées d'herbicides graminicides -fop (quand ils sont disponibles). L'application homogène de l'herbicide doit être bien maîtrisée, afin d'éviter de tuer la plante aux endroits surdosés, et de ne pas assez lacontrôler dans les zones sous-dosées.

Auteur : Husson O. Manuel pratique du Semis direct sur Couverture Végétale permanente (SCV) Application à Madagascar. GSDM/CIRAD

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