Définition :
Le contrôle total d'une couverture végétale (couverture morte) de graminées ayant produit une forte biomasse se fait de façon optimale 3 à 6 semaines avant la date de mise en culture prévue.
Le contrôle en avance présente les avantages :
de pouvoir s'assurer du bon contrôle de ces plantes vivaces ;
de permettre au mulch ainsi créé de se tasser, ce qui facilite le semis (qui peut être très délicat sur une forte biomasse fraîchement contrôlée) ;
d'amorcer les processus de décomposition de la biomasse et en particulier de réduire le risque de blocage d'azote qui peut être très préjudiciable aux cultures, surtout aux céréales cultivées sur un paillage de graminées (dans un premier temps, les bactéries intervenant dans les processus de décomposition et de minéralisation consomment de l'azote, avant d'en libérer en quantité) ;
de permettre aux cultures d'émerger rapidement de la couverture, ce qui évite l'étiolement des plantules et les attaques de champignons.
Toutefois, le climat et les cycles végétatifs ne permettent pas toujours de préparer la couverture à cette période optimale. Dans les climats avec saison sèche, il est souvent préférable de contrôler la couverture végétale en fin de saison des pluies précédente,
quand elle est en pleine végétation et que l'efficacité des herbicides systémiques employés est bonne. On s'assurera simplement avant le semis que le contrôle des vivaces a été bon, et que les parcelles sont restées propres (ce qui est en général le cas quand la
biomasse est importante). On fera si nécessaire un petit nettoyage par arrachage si les adventices sont en faible quantité ou application d'herbicides à faible dose (540 g/ha de glyphosate et 360 à 720 g/ha de 2,4-D) si les jeunes plantes sont assez abondantes. Dans ces climats, si la couverture n'a pas été préparée à l'avance, il faut attendre la reprise de la végétation après les premières pluies, ce qui retarde le semis et accroît le risque de blocage d'azote en début de cycle cultural.

Cynodon dactylon cv Tifton
Les tiftons se contrôlent comme le Cynodon dactylon que l'on trouve dans les jachères pérennes : 1 800 à 2 160 g/ha de glyphosate pour une couverture morte, 720 à 900 g/ha de glyphosate ou 1/2 à 2/3 des doses recommandées d'herbicides graminicides -fop pour une couverture vive. Le Tifton 85 est particulièrement difficile à contrôler sans herbicide du fait de ses très gros rhizomes et de ses stolons au développement rapide. La maîtrise sans herbicide du Tifton 68, qui n'a pas de rhizomes, reste difficile et très exigeante en travail.
Brachiaria sp.
Les différentes espèces de brachiaria sont utilisées pour produire une couverture végétale importante, utilisée en SCV pour réaliser des couvertures mortes. Elles ne permettent pas la culture sur couverture vive. Le mode de contrôle des brachiarias varie suivant les espèces :
Brachiaria ruziziensis est le plus facile à contrôler que ce soit par herbicide (de préférence) ou par action mécanique. Chimiquement, il est totalement maîtrisé avec 1080g/ha de glyphosate alors que les autres espèces (B. Brizantha, B. décumbens, B. mutica et surtout B. humidicola) sont plus résistants et nécessitent 1 800 à 2160g/ha de glyphosate pour un bon contrôle. Mécaniquement, le port en touffes et l'enracinement moins puissant que celui des autres brachiarias permettent d'envisager un contrôle par décapage à l'angady quand cela s'avère nécessaire (pas d'accès aux herbicides ou à des coûts très élevés, période de contrôle dépassée et par conséquent risque de faible efficacité de l'herbicide, etc.). B. Brizantha ou B. decumbens peuvent avoir un port en touffe qui rend possible le décapage à l'angady, mais au prix d'un travail très important (et d'une baisse des performances des systèmes SCV du fait de la perturbation du sol). B. humidicola, au système racinaire très puissant et avec nombreux rhizomes et stolons est difficile (mais possible) à maîtriser mécaniquement.
Enfin, B. ruziziensis est l'espèce supportant le moins bien le gel. Il peut être tué par des gelées en dessous de -3° C, auquel cas il n'est pas nécessaire de le traiter à l'herbicide : le semis peut être réalisé directement sans préparation particulière. En cas de gelées
plus modérées (-1 à -2°C) les doses d'herbicide à apporter sont réduites (360 à 720 g/ha en fonction de son état). B. brizantha et surtout B. decumbens sont eux beaucoup plus résistants au gel.
Pennisetum clandestinum (Kikuyu grass)
![]() | Le kikuyu est une plante utilisée essentiellement pour servir de couverture vive pour culture de légumineuses (haricot, soja). Son installation par boutures, relativement longue, fait qu'une utilisation en couverture morte est peu intéressante. Son contrôle avant semis se fait par simple fauche pour une gestion après semis à l'aide d'herbicide sélectif (propaquizafop à 50 g/ha ou fluazifop-P-butyl à 62,5 g/ha) ou par application de glyphosate à 720 g/ha ou moins, en fonction de sa vigueur et des possibilités de contrôle de la couverture vive durant la culture par application d'herbicides sélectifs). La première année après installation sur les hautes terres, le kikuyu est en général peu développé et la culture de légumineuse peut s'y faire directement sans traitement particulier avant semis. |
Lolium multiflorum (Ray grass italien)
Le Ray grass italien est une plante au cycle particulier, qui peut être annuelle ou bisannuelle voire même semi-pérenne. Une simple fauche ne permet pas en général de le contrôler. En rizière, où il est généralement utilisé en saison froide (étant exigeant en eau et résistant à l'engorgement, et très résistant au gel), son contrôle se fait avec 1 080g/ha de glyphosate.
Auteur : Husson O. Manuel pratique du Semis direct sur Couverture Végétale permanente (SCV) Application à Madagascar. GSDM/CIRAD